L’insaisissable tandem de Riga développe toujours sur “Deux Paradis”, son quatrième album, une musique nimbée de mystère, magnifiée par son dub vaporeux et son sens de l’electro pastel.
Difficile de coller une étiquette sur Domenique Dumont, le duo letton de Riga formé du producteur Arturs Liepins et de la vocaliste Anete Stuce, découvert grâce au flair impeccable de Zaltan sur son label Antinote. Et, d’une certaine manière, tant mieux.
Déjà parce que leur petit tube délicieusement lo-fi Comme ça tournait en boucle en 2015 sur les ondes de Radio Nova. Ensuite parce que le duo s’entête à cultiver le flou et à ne pas démeler le vrai du faux, évoquant une mystérieuse troisième personne, figure de la scène française cachée dans l’ombre, comme pour mieux épaissir ce sentiment de mystère à couper au couteau qui émane de leur musique.
Un yin et yang sonore, rétrofuturiste sans virer vintage
Deux Paradis suit une escapade ambient en forme de B.O. d’un film muet des années 1930 pour poursuivre le périple singulier de Domenique Dumont à la croisée de la pop expérimentale et de l’electro pastel. Orgues analogiques, boîtes à rythmes au cordeau, soupirs électroniques et faux airs de chanson française : le duo évoque tout autant, et de manière pointilliste, les balbutiements métronomiques des premiers Kraftwerk, la pop susurrée d’une Bardot en goguette avec Gainsbourg, les refrains synthétiques de Mikado ou les comptines mélancoliques de Jacno. Et cultive le yin et le yang sonore : rétrofuturiste sans virer vintage, élégant sans devenir maniéré, ludique sans sombrer dans la parodie.
Si les précédents disques se nimbaient d’influences bossa nova et afro, Deux Paradis s’ébroue dans le dub, entre deux parenthèses synthpop. Il s’ouvre sur Enchantia, sa rythmique reggae et ses vocaux en écho, rebondit avec Amants ennemis, irrésistible clin d’œil baléarique au Get Down Saturday Night d’Oliver Cheatham, cite sa tendresse pour la French pop des eighties sur Bonjour tristesse, frôle la techno mutante avec Visages visages, avant de s’évanouir en beauté avec l’expérimental Visiteur de la nuit.
Entre surréalisme et psychédélisme, Domenique Dumont évoque en pointillé le minimalisme de Marine Girls, les ambiances brumeuses de Young Marble Giants, le dub de Timmy Thomas, les facéties de Frank Chickens tout en auréolant sa fusion mystique entre pop et expérimental d’un épais tapis de fumigènes dans lequel il est vivement conseillé de se perdre.
Deux Paradis (Antinote/Rush Hour). Sortie le 20 juin.
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