Sous le feu des projecteurs depuis deux ans, Yamê a décidé que 2025 ne se ferait pas sans lui. Avec, comme atout majeur, un premier album qui joue avec les codes de la pop sans être obnubilé par l’immédiateté des mélodies.
“Ça a commencé par une petite histoire de famille, et on en est là.” Lorsqu’il prononce ces mots, le 9 février 2024, Yamê vient d’être sacré “Révélation masculine” aux Victoires de la musique. Ce “là”, pourtant, n’encapsule pas uniquement ce moment ; il englobe bien d’autres choses : une création aux Trans en 2023, une session Colors, des éloges de Timbaland et Booba, les premières parties de Stromae et un single écouté plus de 150 millions de fois sur Spotify (Bécane).
Le succès en accéléré. L’énième symbole d’une époque où tout peut aller très vite grâce à TikTok, réseau sur lequel le Franco-Camerounais s’est fait connaître après des années de jam-sessions exécutées dans l’anonymat le plus complet au Carré Saint-Michel ou au New Morning.
Un désir de transmission
À l’image de ce qu’il entreprenait sur Elowi (2024), Yamê a l’intelligence de conserver cette histoire familiale au centre de tout. À celles et ceux qui pensent qu’il est nécessaire de tuer la figure du père, lui la célèbre dès l’introduction à travers les mots de son géniteur – le musicien Mbacké Sow, alias Ngoupa Emanty –, à qui l’on doit également le titre de ce premier long format, Ébēm, nommé ainsi en référence à ces lieux de rencontre et d’apprentissage où les plus jeunes s’abreuvent du récit des ancien·nes.
Bizarre, Le Roi ou encore Comme on le vit à deux, ce sont des témoignages, le reflet d’une manière d’être, de penser, de vivre, de se confronter aux réflexions les plus intimes. Quand Shoot évoque toutes ces bonnes excuses que l’on se trouve pour se détourner de ses addictions, Céline parle d’un amour non partagé. Quand Solo raconte ses récents changements de vie, Insensé égrène une foultitude de constats implacables. Avec tout ce que cela peut supposer de sous-textes politiques : “J’suis plus qu’un renoi, j’suis un tas d’billets”.
Hypersensible
Derrière ce besoin de transmission, il est surtout question d’émotion sur Ébēm, dans des morceaux où chaque sentiment semble être exacerbé. Aussi bien par la voix haut perchée de Yamê, toujours très théâtrale, que par la densité de la production, nourrie de hip-hop, de chanson, de beats électroniques, de rythmes puisés dans les musiques d’Afrique de l’Ouest et, à n’en pas douter, de génériques d’animation. À l’instar des openings de L’Attaque des titans, DanDaDan ou Du mouvement de la Terre, il y a quelque chose dans ces quatorze morceaux de maximaliste, une grandiloquence pas toujours bienvenue, parfois trop démonstrative, mais qui fait la singularité d’un artiste jouant des coudes avec la culture populaire sans rien sacrifier de son style.
Ébēm (DBS Records/Naïve). Sortie le 13 juin.
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